Psaumes. XIX. 3 - 5.
Le jour au jour
en dit une parole,
& la nuit
à la nuit en donne connaissance:
pas de parole, pas de mots,
leur voix n'est pas entendue,
mais dans toute la terre
leur rythme est perçu
& leur discours au bout du monde.
III.Baruch. VI. 13.
Et j'interrogeai l'ange:
"Mon Seigneur, Quel est ce bruit?"
& l'ange me dit:
"C'est le moment où les anges ouvrent les 365
portes du ciel,
& où la lumière est séparée
d'avec les ténèbres."
Porphyre, Vie pythagorique. 30.
Pythagore écoutait
l'harmonie
de l'univers,
car il percevait l'harmonie universelle des sphères
& des astres
dont les mouvements sont réglés sur elle,
alors que nous ne sommes pas capables, nous, de l'entendre,
à cause de l'étroitesse de nos facultés.
Jamblique, Vie de Pythagore,
§.65.
Le matin, lorsque ses compagnons se levaient,
il les débarassait de leur torpeur nocturne, de
leur faiblesse & de l'engourdissement de la nuit
au moyen de certains chants et
mélodies particuliers,
exécutés sans accompagnement sur la lyre
ou à la voix.
À lui-même, en revanche, il n'appliquait
pas la même méthode,
mais, mettant à profit une supériorité
indicible & difficile à comprendre,
il tendait son ouïe & fixait son intellect sur
les accords célestes de l'univers:
lui seul, à ce qu'il paraissait,
entendait et comprenait l'harmonie & l'unisson universels
des sphères
& des astres qui se meuvent en elles.
& cette harmonie
émettait un son plus plein & plus achevé que les harmonies
terrestres,
parceque le mouvement & la révolution produits
par des vrombissements, des vitesses,
des grandeurs & des positions inégaux et présentant
une différence variable,
mais néanmoins liés les uns aux autres
par un rapport souverainement harmonieux,
était rendu souverainement harmonieux & variablement
très beau.
République.
X. 617. b.
La rotation du fuseau se faisait sur les genoux de la
Nécessité,
les cercles
étant surmontés, chacun,
d'une Sirène qui en accompagnait la révolution
& qui émettait un unique son,
c'est à dire une note unique,
l'ensemble de ces huit
sons donnant un accord consonnant.
*
Aristote,
Du Ciel. 290.b. 12.
La théorie selon laquelle les transports des astres
feraient naître une harmonie,
du fait que leurs sons produiraient un accord,
a, certes, été présentée
par ses auteurs avec beaucoup d'élégance
& d'une manière tout à fait remarquable,
mais ne correspondant pourtant pas à la réalité.
Selon certains savants,
des corps si volumineux devraient nécessairement
produire un son par leur déplacement,
puisque les corps d'ici-bas en produisent également,
bien que leurs masses ne soient pas égales à
celles des astres,
& que la vitesse de leur transport ne soit pas aussi
grande.
Puisque le soleil,
la lune, & avec eux les astres,
dont le nombre
& la grandeur sont si considérables,
accomplissent à une telle vitesse, un pareil parcours,
il est impossible qu'il n'en naisse pas un son d'une
force extraordinaire.
Partant de là, & posant aussi qu'en raison
des distances,
les vitesses ont entre elles les mêmes rapports
que les notes d'un accord musical,
ils disent qu'est harmonieux le chant produit par les
transports circulaires des astres.
& comme il paraît inexplicable en bonne logique
que nous n'entendions pas ce chant,
ils en donnent pour cause le fait que, dès notre
naissance, ce son nous est présent;
il ne peut donc être mis en évidence par
contraste avec un silence qui s'y opposerait,
car la perception du son est celles du silence sont corrélatives.
*
Cicéron, De la République, livre VI. 18.
Je regardais ces mondes avec stupeur &, quand je me
ressaisis:
"Qu'est-ce encore, dis-je, que ces
sons à la fois si forts et si doux qui remplissent mes oreilles?
-L'impulsion & le mouvement des sphères
inégalement distantes les unes des autres, dit-il,
mais de façon que les intervalles soutiennent
entre eux des rapports rationels,
produisent ces sons différents &, les plus
aigus se combinant aux graves,
des accords harmonieusement variés en résultent.
De si grands corps en effet ne se meuvent pas en silence
&, en vertu d'une loi naturelle,
les sphères extrêmes émettent d'un
côté des sons graves, de l'autre des sons aigus.
Ainsi ce ciel,
mouvant porteur d'étoiles, plus rapide que les autres sphères
dans sa révolution,
rend un son aigu & perçant comme un cri, la
sphère lunaire donne au contraire le plus grave.
Quant à la terre,
fixée au neuvième rang, au centre de l'univers,
elle est, je le répète, toujours immobile,
tandis que les huit sphères mobiles, dont deux
ont même impulsion, produisent sept
tons différents;
ce nombre en
presque toute matière a une signification essentielle.
Des hommes éclairés ont, avec des cordes
ou des accents humains, imité ces harmonies &, par là,
mérité que ce lieu céleste où
nous sommes se rouvrît pour eux,
comme pour les grands esprits qui, dans une vie humaine,
se sont appliqués à l'étude des
choses divines.
Remplies comme elles le sont du bruit de l'univers, vos
oreilles se sont assourdies,
car il n'y a point de sens plus émoussé
que l'ouïe,
& c'est ainsi qu'en cet endroit nommé Catadupa,
où le Nil se précipite de hautes montagnes,
le fracas incessant fait que les hommes ne perçoivent
plus les sons.
Quant à la musique
produite par la révolution rapide du système du monde,
le bruit même en est tel que les oreilles humaines
sont incapables de l'entendre,
tout de même que vous ne pouvez regarder le soleil
en face
& que ses rayons triomphent de votre acuité
visuelle et de vos sens.
*
Plutarque,
De la face qui apparait dans le rond de la lune. Amyot.626.G.
Dans les éclipses
les âmes des bienheureux se hâtent &
crient,
parce que tant qu'elles sont dans l'ombre,
elles ne peuvent plus entendre
l'harmonie des corps célestes.
Plutarque,
Pourquoi la prophétesse Pythie
ne rend plus ses oracles en vers. 17. 402.a
À propos de la lyre,
elle qu'accorde le gentil Apollon, fils de Zeus,
tout entière,
lui qui sait réunir commencement et fin,
& use comme onglet des rayons du soleil.
Plutarque,
Traité d'Isis & Osiris.
Les Égyptiens disent que Mercure,
ayant ôté à Typhon ses nerfs,
en fit des cordes
pour sa lyre,
ce qui veut dire que lorsque l'intelligence suprême
organisa le monde,
son harmonie fut le résultat
de parties discordantes.
Pline, Histoire
Naturelle. II.3, §6.
Donc ce monde sphérique,
dans une révolution éternelle & inlassable,
tourne sur lui-même avec une rapidité indicible
en 24 heures.
Le bruit produit par la rotation
continuelle d'une si grande masse
est-il énorme & dépasse-t-il la sensibilité
de l'ouïe?
Pour ma part je ne saurais le dire et pas davantage,
ma foi,
si le son que rendent les astres entraînés
dans cette révolution
& décrivant leurs propres orbes
est une suave harmonie d'une douceur incroyable.
Pour nous qui demeurons à l'intérieur,
le monde glisse
jour
& nuit dans le même
silence.
Pline, Histoire
Naturelle. II.20. §84.
Pythagore utilise
aussi la théorie de la musique
& appelle la distance de la terre
à la lune, un ton,
celle de la lune à Mercure
& celle de Mercure à
Vénus,
chacune un demi-ton;
de Vénus
au soleil il compte un ton &
demi,
du soleil à Mars
un ton, c'est à dire autant que de la terre à la lune;
de Mercure à
Jupiter
un demi-ton,
ainsi que de Jupiter
à Saturne & de ce dernier
un ton & demi jusqu'au zodiaque;
cela fait sept tons
qui constituent le diapason,
c'est à dire l'accord universel;
Saturne s'y meut
selon le mode dorien,
Jupiter selon le
phrygien,
& ainsi des autres: subtilité plus divertissante
qu'utile!
Maïmonide,
Guide des Egarés. II.5.
Accord d'Aristote
& des Rabbins
Que les sphères
célestes sont vivantes & raisonnables, je veux dire perçoivent,
c'est ce qui est aussi par la Loi une chose vraie &
certaine,
qu'elles ne sont pas des corps morts, comme le feu et
la terre, ainsi que le croient les
ignorants,
mais qu'elles sont, comme disent les philosophes, des
êtres animés,
obéissant à leur maître, le louant
& le glorifiant de la manière la plus éclatante.
On a dit: "Les cieux racontent sa gloire" (Ps. 19.2);
et combien serait-il éloigné de la vérité
celui qui croirait que c'est ici une simple métaphore.
*
Maïmonide, Guide des Egarés. II.8.
C'est une des opinions anciennes répandues chez
les philosophes & la généralité des hommes,
que le mouvement des sphères
célestes fait
un grand bruit fort effrayant.
Pour en donner la preuve ils disent que, puisque les
petits corps ici-bas,
quand ils sont mus d'un mouvement rapide,
font entendre un grand bruit & un tintement effrayant,
à plus forte raisons les corps du soleil,
de la
lune & des étoiles,
qui sont si grands et si rapides.
Toute la secte de Pythagore croyait qu'ils ont des sons
harmonieux,
qui malgré leur force, sont proportionnés
entre eux, comme le sont les modulations musicales;
& ils allèguent des causes pour lesquelles
nous n'entendons pas ces sons si effrayants et si forts.
Cette opinion est également répandue dans
notre nation.
Ne vois-tu pas que les docteurs décrivent le grand
bruit
que fait le soleil
en parcourant chaque jour la sphère céleste?
(Yomâ. 20.b.)
Macrobe, Commentaire
du songe de Scipion, Livre II. Chap. III.
Cette découverte fit un si grand éclat dans
le monde savant,
qu'on voulut l'appliquer à tout, & particulièrement
au système de l'univers.
En conséquence, on plaça, sur chacun des
orbes mobiles,
une sirène ou une muse
chargée de surveiller l'exécution d'une suite de sons
qui,
représentée par les syllabes dont nous
nous servons pour solfier, donnerait:
Lune: si, ut, ré,
etc
Vénus:
ut, ré, mi, etc
Mercure: ré,
mi, fa, etc
Soleil: mi, fa,
sol, etc.
Mars: fa, sol,
la, etc.
Jupiter: sol, la,
si, etc
Saturne: la,
si, ut, etc.
De la terre à
la lune 1 ton
De la lune à Vénus 1/2 ton
De Vénus à Mercure 1/2 ton
De Mercure au soleil 1 ton1/2
Du soleil à Mars 1 ton
De Mars à Jupiter 1/2 ton
De Jupiter à Saturne 1/2 ton
De Saturne au ciel des fixes 1/2 ton
En tout 6 tons.
*
Macrobe, Commentaire du songe de Scipion, Livre II. Chap. IV.
Si nous n'entendons pas distinctement l'harmonie
produite par la rapidité du mouvement circulaire
& perpétuel des corps célestes,
cette privation a pour cause l'intensité des rayons
sonores,
& l'imperfection relative de l'organe chargé
de les recevoir.
En effet, si la grandeur du bruit des cataractes du Nil
assourdit les habitants voisins,
est-il étonnant que le retentissement de la masse
du monde entier mise en mouvement
anéantisse nos facultés auditives?
Lucien de Samosate,
De la danse. 7.
La conjonction des planètes & des étoiles
fixes,
leurs mouvements associés selon les lois du rythme,
leur harmonie réglée,
ont été les modèles de la première
danse
Lucien de Samosate,
De l'astrologie. 10.
On voit souvent Orphée
représenté en pierre ou en couleur.
Il chante, une lyre à la main, entouré
d'une foule d'animaux.
Son chant, c'est l'harmonie des corps célestes.
Kepler, l'harmonie du monde,
III.
Cette ancienneté du chant apparaît depuis
le premier livre de la Genèse.
En effet il fallut qu'il y eût un grand plaisir
provenant du chant de la voix humaine
(quand je dis plaisir, je dis
intervalles harmoniques et bien proportionnés),
qui émut jadis vivement Jabel (fils de Lamech
& d'Ada),
huitième descendant depuis Adam,
pour qu'il apprit & enseignât aux instruments
stupides
à imiter le chant des hommes.
A moins que je sois induit en erreur,
Jabel est ici Apollon,
par un léger changement des lettres.
Kepler, l'harmonie du monde.
V. 6.
La terre chante MI
FA MI
afin que tu conjectures, à partir des syllabes,
que la détresse & la faim prévalent
en ce notre domicile.
MIseria FAmes