Anaxagore. A. 81. Scholie à Aratos, Phénomènes.
Démocrite & Anaxagore disent que les comètes
se produisent lors de la rencontre de deux planètes
réunissant leurs rayonnements à la façon de deux miroirs
se renvoyant mutuellement leurs lumières.


Diogène Laërce, IX.9.
D'après Héraclite, il y a sur le ciel des dispositifs creux
tournant leur concavité vers nous, dans lesquels les exhalaisons brillantes se concentrent;
ces concentrations produisent des flammes qui sont les astres
  

Aristophane, Nuées 766.
Streptiade:
"As-tu déjà vu chez les droguistes cette pierre, belle & transparente, par laquelle on allume le feu à distance?"
Socrate:
"tu parles du cristal?"
Streptiade:
"Précisément. Eh bien... si je prenais ce cristal & faisais fondre au soleil toutes les lettres du jugement?

Dioclès, On burning mirrors. The Arabic translation of the lost Greek original
1
In the name of God, the merciful, the compassionate. O God, grant long life.
2
The book of Diocles on burning mirrors.
4
And then Zenodorus the astronomer came down to Arcadia and was introduced to us,
he asked us how to find a mirror surface such that when it is placed facing the sun
the rays reflected from it meet a point and thus cause burning.
8
The burning-mirror surface submitted to you is the surface bounding the figure
produced by a section of a  right-angled cone being revolved about the line bisecting it.
9
It is a property of that surface that all the rays are reflected to a single point,
namely the point whose distant from the surface is equal to a quarter of the line
which is the parameter of the squares on the perpendiculars drawn to the axis.
12
The intensity of the burning is greater then that generated from a spherical surface,
for from a spherical surface the rays are reflected to a straight line, not to a point,
although people used to guess that they are reflected to the center.
36
We believe that it is possible to make a burning-instrument of glass
such that it has a special property, namely that one can make lamps from it
which produce fire in temples and at sacrifices and immolations,
so that the fire is clearly seen to burn the sacrificial victims;
this occurs, as we are informed,in certain remote cities,
especially on the days of great celebration:
this causes the people of those cities to marvel.
That is something which we too shall do.
  

Plutarque, Vie de Numa Pompilius. XVIII.
Il ne faut pas rallumer le feu de l'autel avec un autre feu matériel,
mais en faire de tout neuf,
en tirant de la flamme pure & nette du soleil,
ce qu'ils font en cette manière.
Ils ont un vase creux composé de la côte d'un triangle,
ayant un angle droit, & deux jambes égales;
de sorte que de tous les endroits de son tour & de sa circonférence il va aboutissant en un point;
puis ils dressent ce vase droit contre le soleil rayant,
de sorte que les rayons allumés se vont de tous côtés unir & assembler au centre du vase,
là où ils subtilisent l'air si fort qu'ils l'enflamment;
& quand on en approche quelque matière aride & sèche,
le feu y prend incontinent,
à cause que le rayon par le moyen de la réverbération prend corps de feu & force d'enflammer.
 
Pline, Histoire Naturelle. II.111. § 239.
Ce qui surpassera certainement toutes les merveilles
c'est qu'il y ait eu un seul jour sans conflagration universelle,
alors même que les miroirs concaves exposés aux rayons du soleil
allument les objets plus aisément qu'aucun autre feu.
Pline, Histoire Naturelle, XXXVII. § 95.
L'escarboucle paraît tour à tour pourpre à l'ombre d'un toit,
couleur de flamme en plein air,
scintillante aux rayons du soleil;
utilisée pour cacheter, elle fait, même à l'ombre, fondre la cire.
Pline, Histoire Naturelle, XXXVII. § 18.
J'ai trouvé, parmi les médecins, l'opinion que, pour les cautérisations,
rien n'est plus efficace qu'un boule de cristal placée de
manière à être frappée par les rayons du soleil.
 
Cléomède, De motu circulari corporum caelestium. II. 156. 18.
D'un feu terrestre
il n'est pas possible d'emprunter du feu par réflexion;
sur les rayons du soleil, en revanche,
nous prélevons au moyen de constructions du feu par réflexion,
bien que le soleil ait de la terre une distance de tant de myriades de stades.
 
Marsile Ficin. Théologie Platonicienne. I.3.
Du choc de corps froids la vie fait naître le feu
& quand la réflexion des rayons sur le miroir ou le fer chaud
communiquent la chaleur à la laine grâce à la qualité accidentelle du feu,
cette vie produit dans la laine la forme substantielle du feu grâce aux semences vitales du feu.
 
Guy Lefèvre de la Boderie, Hymnes ecclésiastiques. 1578
Chant royal 6. Argumentum. Ex Plutarcho in vita Numae Pompilii, & ex 6. Fast. Ovid.
Tout ce qu'on voit de Lampes en ce monde
de lamperons, chandelles, & flambeaux
sont allumés de feu grossier immonde
quoi que la nuit ils apparaissent beaux,
feu qui s'éteint, & qui goulu désire
se paître d'huile, ou de suif, ou de cire.
Mais le feu pur que le Cristal luisant
conçoit du Ciel de Phébus conduisant
sa Lampe claire en nul temps consumée,
est le seul feu qui arde, sur tous plaisant
la Lampe Vierge au Soleil allumée.
En un miroir cavé tout à la ronde
le Soleil rond dardant ses rais gémeaux
tout alentour dedans le Centre fonde,
& donne vie au feu maître des eaux
qui toujours dure, & qui jamais n'empire,
non plus que fait en son céleste Empire
le Roi du Ciel, qui va la nuit brisant.
Le Grec vanteur qui en mensonge abonde
feint Prométhée auteur de plusieurs maux
pour avoir pris du Soleil pur & monde
le feu qui luit au Roi des animaux.


G.B. Della Porta, La Magie naturelle. Livre IV. Chapitre 7.
Les médecins disent que les choses qui doivent être brûlées dans le corps,
ne peuvent mieux brûler qu'à l'aide d'une plaque de cristal opposé aux rayons du soleil.
 
Mersenne, Harmonie Universelle. 1636
Livre De l'utilité des mathématiques. II.
La seule Catoptrique est capable de fournir plus de matières & de pensées
qu'il n'en faut pour un sermon;
par exemple on pourra user des 12 propriétés des miroirs droits, ou concaves,
pour autant de points d'une prédication,
car l'Ecriture sainte fournira aisément 12 moralités pour les appliquer aux dites propriétés.
& si au lieu que D. se plaint de son peuple lorsqu'il dit Factus sum illis in parabolam,
nous le prenons d'un autre sens, suivant la propriété de notre parabole conique,
il fera une parabole qui fera brûler notre coeur de son amour,
& une hyperbole, Qui ramassera & réunira  nos pensées distraites.
 
Robert Cornier à Mersenne. 16 Janvier 1626.
Je vous prie, en la commodité que vous avez de tant de bons miroirs,
d'éprouver si les rayons de la pleine lune sont chauds ou froids.
 
P. Leurechon.
Récréation mathématique, composée de plusieurs problèmes plaisants & facétieux,
en fait d'Arithmétique, Géométrie, Mécanique, Optique, & autres parties de ces belles sciences. 1624
Problème 82. Des miroirs ardents.
Une boule de cristal poli, ou un verre plus épais au milieu que par les bords,
que dis-je? une bouteille pleine d'eau exposée au soleil ardent,
spécialement en été & entre 9 heures du matin & 3 heures du soir,
peut allumer du feu.
Les enfants mêmes savent cela,
quand avec de semblables verres ils brûlent les mouches contre la parois,
& les manteaux de leurs compagnons.
 
Descartes, écrits de jeunesse.
Trésor mathématique de Polybe le cosmopolite.
On peut faire paraître, dans une chambre,
des langues de feu, des chariots de feu & autres figures en l'air,
le tout par de certains miroirs qui rassemblent les rayons en ces points-là;
Item, on peut faire que le soleil, reluisant dans une chambre,
semble toujours venir du même côté,
ou bien qu'il semble aller de l'occident à l'orient,
le tout par miroirs paraboliques;
& il faut que le soleil donne au-dessus du toit dans un miroir ardent,
duquel le point de la réflexion soit au droit d'un petit trou
& donne dans un autre miroir ardent,
lequel a le même point de réflexion aussi au droit de ce petit trou,
& rejettera ses rayons en lignes parallèles dedans la chambre.
 
Descartes, La dioptrique, discours I. De la lumière.
Il y a environ trente ans,
un nommé Jacques Metius de la ville d'Acmar en Hollande,
homme qui n'avait jamais étudié,
bien qu'il eût un père & un frère qui on fait profession de mathématiques,
prenait particulièrement plaisir à faire des miroirs & des verres brûlant,
en composant même l'hiver avec de la glace,
ainsi que l'expérience a montré qu'on en peut faire.
 
Joseph Priestley,
The History and present state of discoveries relating to Vision, Light, and Colours.
Descartes says, that James Metius, of Alcmar, in Holland,
the same person whom he ascribes the invention of telescopes,
and who took great pleasure in making lenses and burning glasses,
sometimes made them of ice, and did not find that substance unfit for his purpose.
 
Descartes à Mersenne. Janvier 1630.
Il est impossible de faire un miroir qui brûle à une lieue loin,
quoi qu'on ait écrit d'Archimède,
s'il n'est d'une grandeur excessive;
la raison est que les rayons du soleil ne sont pas tous parallèles comme on les imagine.
& quand un Ange aurait fait un miroir pour brûler,
s'il avait plus de six toises de diamètre,
je ne crois pas qu'il pût avoir assez de force pour brûler à une lieue de distance,
quelque figure qu'on lui donnât.
 
Descartes à Mersenne. 9 janvier 1639.
Pour les miroirs ardents
je pense vous avoir déjà mandé que ce ne sont pas les rayons
qui s'assemblent en un seul point mathématique,
qui brûlent, mais ceux qui s'assemblent en quelque espace physique,
& qu'il n'y a que ceux qui tendent à s'assembler en quelque point mathématique,
qui peuvent être rendus parallèles à l'infini.
 
Larousse du XXème Siècle:
Robertson (Etienne- Gaspard Robert dit),
physicien & aéronaute belge, 1763-1837.
Il était professeur de physique à Liège lorsqu'il alla à Paris, à l'époque la plus orageuse de la Révolution,
proposer au gouvernement un miroir d'Archimède perfectionné,
avec lequel il prétendait qu'on pouvait incendier les flottes de l'Angleterre.
 
E.G.Robertson,
Mémoires récréatifs, scientifiques, anecdotiques, d'un physicien aéronaute. V.
L'an 1747, M. Buffon brûla, aux yeux de tout Paris,
un combustible placé de l'autre côté de la Seine.
Les 154 glaces étaient tenues & exposées à la lumière du soleil par autant de soldats,
qui les dirigeaient du mieux possible, toutes vers le même point.
 
Buffon, Invention des miroirs ardens, pour brusler à une grande distance, 1747.
Figures des images réfléchies du soleil:
Une glace plane carrée, exposée aux rayons du soleil,
formera une image carrée à une petite distance de la glace,
comme de quelques pieds,
en s'éloignant peu à peu on voit l'image augmenter, ensuite se déformer,
enfin s'arrondir & demeurer ronde,
toujours en s'agrandissant à mesure qu'elle s'éloigne du miroir.

Cette image est composée d'autant de disques du soleil
qu'il y a de points physiques sur la surface du miroir.


Sur Hakim al-Moqannâ, le Prophète voilé du Khorassan au VIIIe siècle.
in Description topographique et historique de Boukhara par Abou-Bak Mohammad ibn Dja’far Narshakhî.

Cinquante mille soldats de Moqannâ se rassemblèrent à la porte du château, se prosternèrent et demandèrent à le voir.
Mais ils ne reçurent aucune réponse. Ils insistèrent et implorèrent, disant qu’ils ne bougeraient pas de là tant qu’ils n’auraient pas vu le visage de leur Dieu.
Moqannâ avait un serveur nommé Hadjeb. Il lui dit :
“Va dire à mes créatures : Moïse m’a demandé de lui laisser voir mon visage; mais moi, je n’ai pas accepté de me présenter à lui, car il n’aurait pas pu supporter ma vue
- et si quelqu’un me voit, il mourra sur le coup…” Mais les soldats implorèrent davantage.
Moqannâ leur dit alors : “Venez tel jour et je vous montrerai mon visage.” Or, aux cent femmes qui étaient avec lui dans le château, il ordonna de prendre chacune un miroir et de venir sur le toit du château.
Il leur enseigna à tenir le miroir de manière à être les unes en face des autres et les miroirs se faisaient face les uns aux autres.
Or, les hommes étaient rassemblés. Quand le soleil se refléta sur les miroirs, tous les alentours de cet endroit furent submergés de lumière.
Il dit alors à son serviteur : “Dis à mes créatures : voici que votre Dieu se présente à vous. - Contemplez-le, Contemplez-le!”
Les hommes voyant la place submergée de lumière furent effrayés. Ils se prosternèrent.

Note de Roger Caillois dans Histoire de l’éternité de J. L. Borgès