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Empédocle. B.84.

Comme un homme qui songe à sortir prépare sa lampe,
lumière de la flamme ardente dans les tempêtes de la nuit,
il ajuste, les vents soufflant à l'envi, les voiles de la lanterne,
qui brisent, dans leur élan, l'haleine des vents;
Le feu, lui, perce au dehors, si loin qu'il peut aller,
&, par delà le seuil, brille de ses rayons infrangibles,
ainsi la flamme antique qu'Aphrodite avait serré dans les membranes,
lui dressant un lit de linges délicats, elle en faisait la fillette à l'oeil rond;
& ces linges la protégeaient de l'eau profonde qui coulait à l'entour;
tout en laissant le feu percer au dehors, aussi loin qu'il peut aller...
 
 



Empedocles. B.84.
And even as when a person thinking to travel through a stormy night,
gets him ready a lantern, a flame of blazing fire,
fastening to it horn plates to keep out all manner of winds,
and they scatter the blast of the winds that blow,
but the light leaping out through them,
shines across the threshold with unfailing beams,
as much of it as is finer;
even so did Love
then entrap the elemental fire, the round pupil,
confined within membranes and delicate tissues,
which are pierced through and through with wondrous passages.
They keep out the deep water that surrounds the pupil,
but they let through the fire,
as much of it as is finer.
 
 
 
 
 
 



Pline, Histoire Naturelle. XI.§148.
Les yeux ont à ce point la propriété intégrale des miroirs,
que l'image entière d'un homme se reflète
dans cette pupille pourtant si petite;
& c'est pourquoi les oiseaux,
quand ils s'attaquent aux cadavres,
cherchent surtout à atteindre les yeux,
car y voyant leur image,
ils s'y dirigent comme s'ils désiraient atteindre leurs semblables.
 
 
 




Grégoire Huret, Optique de portraiture & de peinture. 252.
Lorsque deux personnes s'entre-regardent,
comme ferait celui qui fait faire son portrait & le peintre qui le peint,
il faut nécessairement que l'axe de la vision de l'un
enfile directement l'axe de la vision de l'autre,
autrement ils ne s'entre-regarderaient pas.
La raison est que puisque la force de la vision suit la conduite de son axe,
il s'ensuit que lorsque l'oeil du peintre regarde l'oeil de celui qu'il peint,
qu'il porte sur lui la force de sa vision au milieu de laquelle est ledit axe ou centre continuel,
donc réciproquement si l'oeil dudit modèle regarde l'oeil du peintre,
il portera sur lui les mêmes choses & en même raison &, partant,
lesdits deux axes de vision s'enfileront l'un l'autre directement:
donc, par conséquent, le point milieu de la prunelle de l'oeil du peintre,
qui par conséquent verra aussi à plein la figure de la prunelle dudit oeil modèle
que si elle était plate & non convexe,
parce que lui présentant directement son centre,
elle lui fait voir son contour géométral circulaire,
lequel il représente tel sur le tableau,
ensemble la proportion qui en est couverte par la paupière du dessus
avec la figure de la longueur & largeur de ladite paupière,
parce que tout jusqu'au sourcil contribue à faire connaître le mouvement & effort
que l'oeil entier fait pour ramener sa prunelle sur son plan droit, direct au regardant.
Donc le peintre ayant copié ledit oeil naturel comme il le voit,
il se trouve que l'oeil peint le regarde de même,
& que de plus il regarde comme universellement de toutes parts
chacun des assistants qui sont devant le tableau,
ce que les yeux naturels ne peuvent faire.
 
 




Psaumes. XVII.8.

Garde-moi
comme la pupille,
la fille de l'oeil.