O roi, tu as eu une vision, & voici une grande statue:
cette statue était immense, son éclat était extraordinaire,
elle se tenait devant toi & son aspect était terrible.
Cette statue, sa tête était d'or fin;
son torse, ses bras d'argent;
son ventre & ses cuisses de bronze;
ses jambes, de fer; ses pieds, de fer & d'argile.
Tu regardais, lorsqu'une pierre se détacha sans l'aide d'aucune main,
frappa les pieds, en fer & en argile, de la statue & les pulvérisa.
Ainsi furent pulvérisés ensemble le fer, l'argile, le bronze, l'argent et l'or.
Ils furent comme la balle sur les aires en été
& le vent les emporta sans qu'aucune trace n'en fut trouvée.
La pierre qui frappa la statue devint une grande montagne & remplit toute la terre.
Tel est le songe, & son explication nous la dirons en présence du roi:
Toi, ô roi, tu es le roi des rois,
à qui le D des cieux a donné le royaume, la puissance, la force & la gloire.
En tout lieu où ils habitent, les enfants des hommes, les bêtes des champs & les oiseaux du ciel,
il les a livré dans ta main & t'a fait dominer sur eux.
C'est toi qui est la tête en or.
Après toi s'élèvera un autre royaume, inférieur au tien;
puis encore un troisième royaume, qui sera de bronze & dominera toute la terre.
Un quatrième royaume sera dur comme le fer, semblable au fer qui pulvérise & broie tout;
& comme le fer qui écrase, il les pulvérisera & les écrasera tous.
& ce que tu as vu: les pieds & les orteils en partie d'argile de potier & en partie de fer,
ce sera un royaume divisé.
 

Zohar. 71.b.

Lorsque les couleurs se décomposent,
de quatre elles deviennent douze.
Il y a la couleur verte,
la couleur rouge,
la couleur blanche
& la couleur saphir qui est la fusion de toutes les couleurs.

Théophraste, Du sens. 73.  Démocrite. A. 135.

Démocrite pense qu'il existe quatre couleurs pures.
Le lisse est blanc, parce que le lisse n'étant ni rugueux, ni obscurcissable,
ni non plus réfractaire à la pénétration,
tout ce qui est lisse est brillant.
Le noir est, lui, formé des figures contraires, c'est à dire rugueuses, scalènes & non uniformes.
C'est pourquoi il peut attirer l'obscurité,
& les pores qu'il renferme ne sont ni rectilignes ni même aisément traversables.
Le rouge, lui,  est formé de figures de même sorte précisément que celles dont le feu est formé,
sauf qu'elles sont plus grandes.
À preuve le fait que, lorsque nous sommes échauffés, nous rougissons,
& qu'il en est de même pour les autres corps soumis à l'action du feu.
Plus rouges sont les corps formés de grandes figures,
comme par exemple la flamme & le charbon des bois verts qui sont plus rouges que ceux des bois secs,
& aussi le fer & les autres substances soumises à l'action du feu.
En effet les corps les plus brillants sont ceux qui renferment le feu le plus abondant & le plus subtil,
& plus rouges sont ceux qui contiennent un feu plus dense & moins abondant.
C'est pourquoi justement les corps d'un rouge soutenu sont moins chauds,
car c'est le subtil qui est chaud.
Le vert, enfin, est formé à la fois de solide & de vide mélangés,
la nuance variant selon la position & l'ordre des deux.

Pseudo-Galien, Des humeurs. XIX, éd. Kühn, 495.

La prédominence de l'humeur, de même que celle de la maladie,
peut être diagnostiquée à partir de la couleur.
Ce moyen de diagnostic offre, au même titre que les moyens les plus célèbres,
une très grande précision,
& Diogène le considérait comme un moyen de deviner le moment opportun au cours de la maladie.
Il disserta beaucoup des couleurs,
appelant  rougeauds les sanguins,
bistres ceux chez qui l'humeur amère est abondante,
noirauds, ceux chez qui domine l'humeur noire,
pâlots les flegmatiques;
& donnant aux maladie propres à ces couleurs
le nom correspondant de maladie des rougeauds,
maladie des bistres, maladie des noirauds, maladie des  pâlots.

Alberti, De Picture, I. 9.

Pour moi, ce que je pense des couleurs en tant que peintre,
c'est que les mélanges en produisent d'autres en nombre presque infini,
mais qu'il y a pour les peintres, conformément au nombre des éléments,
quatre vrais genres de couleurs dont résultent de multiples espèces.
Il y a, si l'on peut dire, la couleur du feu qu'on appelle rouge,
celle de l'air qu'on appelle céleste ou perse,
celle de l'eau, verte,
et la terre qui a la couleur de la cendre.

Guy Lefèvre de la Borderie, Encyclie, Cercle troisième. 191.

Car des quatre Éléments quatre Humeurs il mendie
sujets d'affection, causes de maladies.
Non autrement qu'au Vin qui bout dans un ponçon
le nouveau moût se change en diverse façon,
La fleur qui rejaillit toujours contre la bonde,
c'est la Colère au sang qui en chaleur abonde;
et cette Eau qui le vin tout autour circuit
c'est le Flegme ou sang vermeil qui n'est pas encore cui;
ce qui s'assied au fond de cette terrestre Lie,
ressemble la froideur de la Mélancolie;
mais le reste qui est atrempé, doux et franc,
ressemble proprement le très pur & bon Sang.
Et comme chaque vin en sa température
reçoit ces quatre humeurs de diverse nature;
ainsi les Corps humains en leur propriété
ont chacun endroit soi telle variété.
Vin d'Orléans est clair, il est trouble en Bourgogne,
pur & gai le Français, rude et noir le Gascogne,
celui d'Anjou fumeux, d'Aï coulant et doux,
bref en toute contrée ils sont différents tous.
Aussi mille étrangers ont mille moeurs contraires,
voire les citoyens, voire les gémeaux frères.