Plutarque, Vie de Lysandre. XXXVI.
Cette scytale est une telle chose:
quand les éphores envoient à la guerre
un général, ou un amiral,
ils font accoutrer deux petits bâtons
ronds, & les font entièrement égaler en grandeur &
en grosseur,
desquels deux bâtons ils en retiennent l'un par
devers eux, & donnent l'autre à celui qu'ils envoient.
Ils appellent ces deux petits bâtons scytales,
& quand ils veulent faire secrètement
entendre quelque chose de conséquence à leurs capitaines,
ils prennent un bandeau de parchemin long & étroit
comme une courroie
qu'ils entortillent à l'entour de leur bâton
rond,
sans laisser rien d'espace vide entre les bords du bandeau;
puis quand ils sont ainsi bien joints,
alors ils écrivent sur le parchemin ainsi roulé
ce qu'ils veulent;
& quand ils ont achevé d'écrire, ils
développent
le parchemin & l'envoient à leur capitaine,
lequel n'y saurait autrement rien lire ni connaître,
parce que les lettres
n'ont point de suite ni de liaison continuée,
mais sont écartées, l'une ça, l'autre
là,
jusque à ce que prenant le petit rouleau de bois
qu'on lui a baillé à son partement,
il étend la courroie de parchemin qu'il a reçue
tout à l'entour,
tellement que, le tour & le pli du parchemin venant
à se retrouver en la même couche
qu'il avait été plié premièrement,
les lettres aussi viennent à se rencontrer en
la suite continuée qu'elles doivent être.
Ce petit rouleau de parchemin s'appelle aussi bien scytale
comme le rouleau de bois,
ni plus ni moins que nous voyons ailleurs ordinairement,
que la chose mesurée s'appelle du même nom
que fait celle qui mesure.