La question des origines de la peinture est obscure
et n'entre pas dans le plan de cet ouvrage.
Les Égyptiens déclarent qu'elle a été
inventée chez eux
six mille ans avant de passer en Grèce:
vaine prétention, c'est évident.
Quant aux Grecs, les uns disent que le principe en a
été découvert à Sicycone,
les autres à Corinthe,
et tous reconnaissent
qu'il a consisté à
tracer
grâce à des lignes,
le contour d'une ombre
humaine.
En voilà assez et plus qu'il n'en faut sur la
peinture.
Il serait convenable d'y rattacher ce qui concerne le
modelage.
Le potier Butadès de Sicyone
découvrit
le premier
l'art de modeler des portraits en argile;
cela se passait à Corinthe
et il dut son invention à sa fille,
qui était amoureuse d'un jeune homme;
celui-ci partant pour l'étranger,
elle entoura d'une ligne l'ombre
de son visage
projetée sur le mur par la lumière d'une
lanterne...
La fable de Narcisse convient parfaitement à la
peinture.
La peinture est-elle autre chose
que l'art d'embrasser ainsi la surface d'une fontaine?
Quintilien pensait que les premiers peintres avaient
coutume de tracer
le contour des ombres
au soleil
et que cet art s'est développé par ce qu'on
lui a ajouté.
Comment la première peinture
ne fut qu'une ligne
cernant l'ombre
d'un homme
que le soleil projetait
sur un mur.