AU ROI.
Sire,
C’EST sous les auspices du plus grand
des Rois,
que doit paroître, en langue
nationale,
le chef-d’oeuvre de l’un des
plus beaux Génies que le Ciel ait jamais
accordé a la Terre.
C’est donc sous les
auspices de VOTRE MAJESTÉ,
qu’il convient d’annoncer enfin à la
France une traduction fidèle du Traité
d'Optique de
Newton.
Quoique
simplc Éditeur de cette Traduction,
dont l’Auteur m’est inconnu,
j’ai saisi
avec empressement cette occasion de présenter
à VOTRE MAJESTÉ
l’hommage public de ma reconnoissance,
pour les bienfaits dont Elle ma comblé.
Je les dois à la protection dont Elle
honore les Lettres ;
& il est juste que
je joigne ma voix à tant d’autres pour
l’annoncer à l’Europe & à la postérité.
Je suis avec le plus profond respect,
SIRE,
DE VOTRE MAJESTÉ,
Le très-humble, très-obéissant.
& très-fidèle serviteur & sujet
BEAUZÉE,
l’un des Quarante de votre Académie Françoise.
NOTICE
DU TRADUCTEUR.
Voulant approfondir le Systême
de Newton sur les couleurs
& n’ayant
pas l’original sous la main,
je commençai
à l’étudier dans quelques Traductions,
dont je ne tardai pas à sentir
les défauts.
C’étoit peu d’y trouver
des termes impropres,
des redites éternelles;
négligences toujours impardonnables:
leur style lâche, diffus incohérent
me fatiguoit à l’excès.
Dans l’espoir d’éviter la perte irréparable
d’un temps précieux, & de me soustraire
aux dégoûts inséparables
d’une lecture laborieuse; j’eus recours
à l’original,
& je me mis à le traduire.
Ainsi, cette traduction , entreprise
pour mon usage particulier, n’étoit
pas destinée à voir le jour :
je
ne me suis même déterminé à la rendre
publique,
qu’en faveur des jeunes gens
qui courent la carrière des Sciences.
…
Quelque libre que soit cette traduction,
elle n’en est pas moins fidèle ;
& j’ôse croire que les lecteurs instruits
trouveront, que c’est la première fois
que le fameux Traité des couleurs paroît
parmi nous en langage intelligible :
peut-être encore ceux à qui
cet ouvrage est le plus familier,
surpris
du nerf & de la rapidité entraînante
des raisonnements de l’Auteur ,
ne pourront-ils se défendre d’admirer
sa mâle Dialectique.