Optique de Newton : traduction nouvelle faite par M. *** (Jean Paul Marat), dédiée au Roi, éditée par M. Beauzée

AU ROI.
Sire, C’EST sous les auspices du plus grand des Rois,
que doit paroître, en langue nationale,
le chef-d’oeuvre de l’un des plus beaux Génies que le Ciel ait jamais accordé a la Terre.
C’est donc sous les auspices de VOTRE MAJESTÉ,
qu’il convient d’annoncer enfin à la France une traduction fidèle du Traité d'Optique de Newton.
Quoique simplc Éditeur de cette Traduction, dont l’Auteur m’est inconnu,
j’ai saisi avec empressement cette occasion de présenter à VOTRE MAJESTÉ
l’hommage public de ma reconnoissance, pour les bienfaits dont Elle ma comblé.
Je les dois à la protection dont Elle honore les Lettres ;
& il est juste que je joigne ma voix à tant d’autres pour l’annoncer à l’Europe & à la postérité.
Je suis avec le plus profond respect,
SIRE,
DE VOTRE MAJESTÉ,
Le très-humble, très-obéissant. & très-fidèle serviteur & sujet
BEAUZÉE,
l’un des Quarante de votre Académie Françoise.
NOTICE DU TRADUCTEUR.
Voulant approfondir le Systême de Newton sur les couleurs
& n’ayant pas l’original sous la main,
je commençai à l’étudier dans quelques Traductions,
dont je ne tardai pas à sentir les défauts.
C’étoit peu d’y trouver des termes impropres,
des redites éternelles; négligences toujours impardonnables:
leur style lâche, diffus incohérent me fatiguoit à l’excès.
Dans l’espoir d’éviter la perte irréparable d’un temps précieux, & de me soustraire aux dégoûts inséparables d’une lecture laborieuse; j’eus recours à l’original,
& je me mis à le traduire.
Ainsi, cette traduction , entreprise pour mon usage particulier, n’étoit pas destinée à voir le jour :
je ne me suis même déterminé à la rendre publique,
qu’en faveur des jeunes gens qui courent la carrière des Sciences.

Quelque libre que soit cette traduction, elle n’en est pas moins fidèle ; & j’ôse croire que les lecteurs instruits trouveront, que c’est la première fois que le fameux Traité des couleurs paroît parmi nous en langage intelligible :
peut-être encore ceux à qui cet ouvrage est le plus familier,
surpris du nerf & de la rapidité entraînante des raisonnements de l’Auteur , ne pourront-ils se défendre d’admirer sa mâle Dialectique.