Lorsque la peinture était à ses débuts et qu'elle était en quelque sorte au sein maternel et dans les langes, on peignait les animaux et les végétaux
de manière si maladroite que les peintres écrivaient
sur les dessins:
"Ceci est un boeuf,
ceci est un cheval, ceci un arbre".
Socrate:
Admets donc encore en nos âmes l'existence d'un autre homme de métier
Protarque:
Qui est-ce?
Socrate:
C'est un peintre qui, après le scribe, peint dans l'âme des images de ce
que l'on s'est dit
C'est à la parole, c'est au discours, plutôt qu'à la peinture et à toute oeuvre de la main quelle qu'elle soit, qu'il convient de donner à quiconque dont la pensée est capable de suivre, l'image d'un être vivant.
Mais penses-tu qu'un peintre serait de mérite inférieur, si, après avoir peint un modèle représentant ce que serait le plus beau des hommes, il était incapable de prouver qu'un tel homme est d'une réalisation possible?
Celui qui peut rendre raison de son travail d'un bout à l'autre doit être réputé bien plus entendu sans comparaison qu'un qui ne peut.