[5] τὴν μὲν γὰρ ἀνδρίαν καὶ τὴν ἀλκὴν αὐτῆς οὐχ ἡμᾶς χρὴ λέγειν,
ἀλλ᾽ ὃς μεγαλοφωνότατος τῶν ποιητῶν Ὅμηρος: τὸν γὰρ ἄριστον τῶν ἡρώων ἐπαινέσαι ζητῶν οὐ λέοντι ἢ παρδάλει ἢ ὑῒ τὴν ἀλκὴν αὐτοῦ εἰκάζει, ἀλλὰ τῷ θάρσει τῆς μυίας καὶ τῷ ἀτρέστῳ καὶ λιπαρεῖ τῆς ἐπιχειρήσεως: οὐδὲ γὰρ θράσος ἀλλὰ θάρσος φησὶν αὐτῇ προσεῖναι. καὶ γὰρ εἰργομένη, φησίν, ὅμως οὐκ ἀφίσταται, ἀλλ᾽ ἐφίεται τοῦ δήγματος. οὕτω δὲ πάνυ ἐπαινεῖ καὶ ἀσπάζεται τὴν μυῖαν, ὥστε οὐχ ἅπαξ οὐδ᾽ ἐν ὀλίγοις μέμνηται αὐτῆς, ἀλλὰ πολλάκις: οὕτω κοσμεῖ τὰ ἔπη μνημονευομένη. ἄρτι μὲν τὴν ἀγελαίαν πτῆσιν αὐτῆς ἐπὶ τὸ γάλα διέρχεται,^ ἄρτι δὲ τὴν [p. 88] Ἀθηνᾶν, ὁπότε τοῦ Μενέλεω τὸ βέλος ἀποκρούεται, ὡς μὴ ἐπὶ τὰ καιριώτατα ἐμπέσοι, εἰκάζων μητρὶ κηδομένῃ κοιμωμένου αὐτῇ τοῦ βρέφους, τὴν μυῖαν αὖθις ἐπεισάγει τῷ παραδείγματι. καὶ μὴν καὶ ἐπιθέτῳ καλλίστῳ αὐτὰς ἐκόσμησεν ἀδινὰς προσειπὼν καὶ τὴν ἀγέλην αὐτῶν ἔθνη καλῶν.
[10] φησὶν δὲ ὁ μῦθος καὶ ἄνθρωπόν τινα Μυῖαν τὸ ἀρχαῖον γενέσθαι πάνυ καλήν, λάλον μέντοι γε καὶ στωμύλον καὶ ᾠδικήν, καὶ ἀντερασθῆναί γε τῇ Σελήνῃ κατὰ τὸ αὐτὸ ἀμφοτέρας τοῦ Ἐνδυμίωνος. εἶτ᾽ ἐπειδὴ κοιμώμενον τὸ μειράκιον. συνεχὲς ἐπήγειρεν ἐρεσχηλοῦσα καὶ ᾄδουσα καὶ κωμάζουσα ἐπ᾽ αὐτόν, τὸν μὲν ἀγανακτῆσαι, τὴν δὲ Σελήνην ὀργισθεῖσαν εἰς τοῦτο τὴν Μυῖαν μεταβαλεῖν καὶ διὰ τοῦτο πᾶσι νῦν τοῖς κοιμωμένοις αὐτὴν τοῦ ὕπνου φθονεῖν μεμνημένην ἔτι τοῦ Ἐνδυμίωνος, καὶ μάλιστα τοῖς νέοις καὶ ἁπαλοῖς: καὶ τὸ δῆγμα δὲ αὐτὸ καὶ ἡ τοῦ αἵματος ἐπιθυμία οὐκ ἀγριότητος, ἀλλ᾽ ἔρωτός ἐστι [p. 92] σημεῖον καὶ φιλανθρωπίας: ὡς γὰρ δυνατὸν ἀπολαύει καὶ τοῦ κάλλους τι ἀπανθίζεται.
Lucien de Samosate,
Éloge de la Mouche
5. A l'égard de sa force et de son courage , ce n'est point à moi qu'il appartient d'en parler, c'est au plus sublime des poètes, à Homère. Ce poëte, voulant faire l'éloge d'un de ses plus grands héros , au lieu de le comparer à un lion, à une panthère , ou à un sanglier, met son intrépidité et la constance de ses efforts en parallèle avec l'audace de la
mouche, et il ne dit pas qu'elle a de la jactance, mais de la vaillance . C'est en vain, ajoute-t-il , qu'on la repousse , elle n'abandonne pas sa proie, mais elle reyient à sa morsure. Il aime tant la
mouche, il se plalt si fort à la louer, qu'il n'en parle pas seulement une fois ni en quelques mots, mais qu'il en rehausse souTent la beauté de ses vers. Tantôt il en représente un essaim qui vole autour d'un vase plein de lait * ; ailleurs , lorsqu'il nous peint Minerve détournant la flèche qui allait frapper Ménélas à an endroit mortel , comme une mère qui veille sur son enfant endormi ', il a soin de faire entrer la
mouche dans cette comparaison. Enfin, il décore les
mouches de l'épithète la plus honorable, il les appelle serrées en bataillons et donna le nom de nations à leurs essaims.
10 . La Fable nous apprend que la
mouche était autrefois une
femme d'une beauté ravissante, mais un peu bavarde , d 'ailleurs
musicienne et amateur de chant. Elle devint rivale de la Lune
dans ses amours avec Endymion. Comme elle se plaisait à réveiller
ce b eau dormeur, en chantant sans cesse à ses oreilles
et lui contant mille sornettes , Endymion se fâcha , et la Lune
irritée la métamorphosa en
mouche. De là vient qu'elle ne veut
laisser dormir personne , e t le souvenir de son Endymion lui fait
rechercher de préférence les jolis garçons, qui ont la peau tendre.
Sa morsure, le goût qu'elle a pour le sang, ne sont donc pas
une marque de cruauté , c'est un signe d'amour et de philanthropie :
elle jouit comme elle peut et cueille une fleur de beauté.
Œuvres Complètes De Lucien De Samosate
Traduction nouvelle par Eugène Talbot.
Se vend à Paris chez L. Hachette et C°, rue Pierre-Sarrazin, N° 14. 1857
Lucian of Samosata, The Fly, an Appreciation
Its valour and spirit require no mention of mine ; Homer, mightiest-voiced of poets, seeking a compliment for the greatest of heroes, likens his spirit not to a lion's, a panther's, a boar's, but to the courage of the fly, to its unshrinking and persistent assault ; mark, it is not mere audacity, but courage, that he attributes to it. Though you drive it off, he says, it will not leave you ; it will have its bite. He is so earnest an admirer of the fly that he alludes to it not once nor twice, but constantly ; a mention of it is felt to be a poetic ornament. Now it is its multitudinous descent upon the milk that he celebrates ; now he is in want of an illustration for Athene as she wards off a spear from the vitals of Menelaus ; so he makes her a mother caring for her sleeping child, and in comes the fly again. Moreover he gives them that pretty epithet, ' thick-clust'ring ' ; and ' nations ' is his dignified word for a swarm of them.
10.
Legend tells how Myia (the fly's ancient name) was once a maiden, exceeding fair, but over-given to talk and chatter and song, Selene's rival for the love of Endymion. When the young man slept, she was for ever waking him with her gossip and tunes and merriment, till he lost patience, and Selene in wrath turned her to what she now is. And therefore it is that she still, in memory of Endymion, grudges all sleepers their rest, and most of all the young and tender. Her very bite and bloodthirst tell not of savagery, but of love and human kindness ; she is but enjoying mankind as she may, and sipping beauty.
The Works of Lucian of Samosata
translated by
H. W. Fowler and F. G. Fowler
Oxford at The Clarendon Press 1949
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